La rage
En 1880, Louis Pasteur démarre ses recherches sur la rage. Il découvre que la moelle infectée et desséchée protège de cette maladie. Cinq années après, en 1885, il hésite à faire des expériences sur l'homme alors qu'elles ont réussi sur les chiens. Pasteur et ses compagnons vaccinent un enfant berger originaire de Steige, en Alsace, malgré son hésitation. Le petit Joseph Meister, mordu gravement par un chien enragé, est sauvé grâce au vaccin alors que les médecins l'avaient condamné. C'était sa seule chance de survie.
L'Académie des sciences propose la création d'un établissement destiné à traiter la rage. En 1888 l'Institut Pasteur est créé. Les vaccinations de Joseph Meister et de Jean-Baptiste Jupille seront présentées comme les premiers cas de vaccination antirablique chez l'homme. D'autres essais ont toutefois été signalés avant ces premiers cas.
D'après le professeur Antonio Cadeddu, la première vaccination antirabique aurait été réalisée le 2 mai 1885 sur un homme du nom de Girard. D'après Pierre Madeline, on ne peut pas être certain que ce fut la rage. Il s'agirait plutôt d’une autre maladie neurologique. Pour Pasteur, le patient avait la rage. Après deux semaines, le 22 mai 1885, Pasteur apprend que le patient avait quitté l’hôpital Necker. Il avait donc été guéri. Aucune trace du patient n'a été retrouvée. Dans les cahiers de laboratoire de Pasteur, aucune information sur son sort n'a été retrouvée. Dans les autres manuscrits de Louis Pasteur conservés à la Bibliothèque Nationale, le nom de Girard est inclus dans une liste de quatre hommes décédés de la rage. Ce Girard-là est possiblement un homonyme.
Selon Pierre Madeline, un autre cas de vaccination antirabique effectuée chez l’homme sous la supervision de Pasteur eut lieu à l’hôpital de Saint-Denis le 22 juin 1885. C'était bien avant la vaccination de Joseph Meister du 6 juillet 1885. Une petite fillette, Juliette Poughon, avait déjà été vaccinée. Le cas est relaté par plusieurs témoins oculaires, notamment le Dr Dupuy en 1891, le Dr Mourret en 1895 et par Pasteur dans son cahier de laboratoire. Il est fort probable que l'enfant est mort des suites de la rage. La vaccination ne pouvait pas induire une réponse immunitaire dans un délai très court. Dans ce cas-là la vaccination ne pouvait pas être efficace. Selon Pierre Debré, Pasteur aurait été prévenu trop tard, donc le traitement n’a pas pu sauver l'enfant.
Pour Pierre Madeline trouve douteux que dans ses communications à l’Académie des sciences 26 octobre 1885, 1er mars 1886 et 12 avril 1886, Pasteur n'évoque pas cette tentative de l’hôpital de Saint-Denis. Antonio Cadeddu écrit ceci : "... les histoires dramatiques de Girard et de Julie Antoinette ne sont pas relatés dans les publications. Exception faite de son cahier de laboratoire et de sa correspondance avec Dujardin-Beaumetz, Pasteur n'a jamais rien écrit à ce propos.".
D'après Antonio Cadeddu, l’intérêt de ces deux cas pour un historien est qu’ils se situent au tournant (chronologique et technique) de la recherche pastorienne du vaccin antirabique. En ce qui concerne l'enfant berger Joseph Meister, Louis Pasteur utilise une "autre méthode".